lundi 2 août 2010

Marre des mauvais films intimistes à la française.

Hier soir, il y avait tant de films avec Daniel Auteuil programmés à la télé que je me suis demandé si je n'allais pas tomber sur un sujet Daniel Auteuil - Repose En Paix sur internet. Mais non, l'acteur est bien vivant - c'est un hasard de la programmation télévisuelle. J'ai donc profité d'une programmation intellectuelle de TF1 pour regarder L'un reste, l'autre part.

Je pensais, avec l'expérience du temps, être un spectateur à l'abri des dangers du film intimiste à la française. Des histoires contemporaines, des sentiments parfois dégoulinants, jouant sur le doux-amer, la nostalgie, l'amour naissant ou déclinant, les amours compliquées, les relations impossibles, les éclats de rire du désespoir lors des situations dramatiques, les colères et les engueulades qui crèvent d'un coup l'écran et les abcès des non-dits. Erreur complète d'évaluation de ma part, la contradiction évidente entre TF1 et film intellectuel réussi aurait du me sauter aux yeux.

J'ai regardé le film jusqu'au bout. A chaque coupure pub, je me suis levé pour aller boire de l'eau à la cuisine. Seul chez moi, j'ai commenté à haute voix la nullité du film. La vacuité des personnages. Le crime de lèse-crédulité. La convenance des situations mille fois racontées depuis le marivaudage. L'absence totale de fil conducteur autre que le temps qui passe, et qui laisse le spectateur s'interroger sur l'enchaînement des scènes qui, tour à tour, centre la narration sur un personnage différent. Le sordide des scènes représentants des couples d'acteurs censés mimer le désir physique. Le dégoût des dialogues vulgaires où les personnages amants ne cessent de se mentir ou de travestir leurs émotions. Et évidemment, une fin de film dans une situation indécise. Au début les personnages étaient à la dérive, le film décrit la tornade des sentiments au milieu de la tempête du désespoir malheureux, à la fin les personnages sont de nouveau à la dérive. Bon vent.

Cet après-midi, la pluie m'a pris au dépourvu, et je n'ai pas eu envie d'assembler des planches toute la journée. Je me suis donc installé devant un DVD que je n'avais pas encore vu. D'habitude, j'aime bien Klapisch, la justesse de la mesure de ses plans, son style de narration. Dans Paris, Paris n'est qu'un décor, et c'est bien dommage. Paris est un océan : les flots sont agités, on y voit des personnages flottants qui se débattent, s'ébrouent, se poussent et se repoussent, n'ont pas pied et se noient. Un début à la dérive, un milieu agité, une fin à la dérive. Produire des films intimistes ratés est devenu la mode commerciale à la française. Comme les blockbusters américains sont constants en médiocrité, ça ne fait plus grand-chose à voir au cinéma.

Je termine avec deux films intimistes de qualité, réalisés par la même équipe (réalisateur, acteurs) à dix-sept ans d'intervalle. Le déclin de l'empire américain (1986) traite des relations hommes-femmes. Les invasions barbares (2003) traite du temps qui passe, des époques qui changent et de la mort. Les personnages y sont crédibles, les dialogues sont ciselés et subtils, le scénario sait s'achever à l'aube ou au crépuscule.

Morale : Pour éviter l'overdose de dégoût, mieux vaut choisir un spleen pur et raffiné.