Day 2 - Vendredi, réveil 4h en pleine forme, après cinq heures de sommeil. J'espère ne pas avoir de gros coup de barre en début d'après-midi. Entre 4h et 6h, douche rasage puis je lis les e-mails du boulot - je sais, je suis censé être en RTT. 6h, je descend prendre un petit déjeuner, et comme j'ai l'impression d'avoir trop mangé la veille, je me pose en 1-2 (for fun?) pour siroter quelques chocolats chauds ($1 tip). Une américaine, qui a probablement enchaîné la nuit, les bloody mary's et les livraisons, tient le rôle du moulin à paroles. Moitié Whitney Huston, pour la beauté, moitié Whoopi Goldberg, pour le babil incoercible. Toute la table se mord la joue tant le spectacle est à pouffer de rire; les croupiers quant à eux envient les deux papys de la table qui, la surdité aidant, sont moins sensibles au volume sonore de la jeune femme. Au début, chacun a essayé de placer une phrase pour amuser la galerie, avant d'abandonner la lutte devant un flot continu de paroles. Elle ne fume pas, mais elle boit et elle cause - aurait pu écrire Audiard. C'est la seule table ouverte au MGM à cette heure matinale, il n'y a aucun bruit ambiant pour diluer son monologue.
Je la vois 4-bet boîte avec 88 puis 99 et se faire déstacker par AK puis par AA; elle change de place à la table, et comme de nouveaux joueurs arrivent, elle entreprend son jeune voisin de gauche, qui représente à ses yeux le meilleur rapport beauté/âge - entre 24 et 26 ans, assez de barbiche pour ne plus avoir l'air d'un gamin, assez grand pour faire paraître quelques muscles saillants sous son t-shirt, mais bien trop brun pour ressembler à Brad Pitt. Continuant son monologue, et tout en pressant le bras droit de son voisin, elle commente un coup terminé et, entre deux oh my god, laisse échapper un fucking you que je qualifierais, comment dire? D'affectueux. Erreur grave : il y a des micros et le floor arrive immédiatement, se place derrière le croupier, et, impassible, récite le règlement qui interdit tout comportement déplacé - gestuel ou verbal - et précise à la demoiselle qu'il sera contraint de lui faire quitter la table si cela se reproduit. Elle se reprend immédiatement, et trois donnes plus tard, entre un thank god et un wow god, elle laisse échapper un I wish you didn't bet so I win the fucking pot. Re-floor, qui arrive avec les racks, sanction immédiate, la demoiselle quitte la table. On sait très bien que cela lui a échappé et qu'elle n'était pas en train de réellement proférer une insulte, mais les américains ne plaisantent pas avec les règlements. La table devient passablement chiante, il ne se passe pas grand-chose et je n'ai pas de jeu - le mode setup du mélangeur de cartes semblait désactivé. A dix heures, je remonte dans ma chambre pour téléphoner chez moi.
En redescendant, je change de vitesse à table, façon 1-2 for fun. Beaucoup de mains jouées, beaucoup de mains relancées avec des montants de relance allant de 3bb à beaucoup plus. J'ai un setup avec brelan contre un adversaire qui a touché sa ventrale broadway à la turn; je complète ma cave puis je monte doucement. Deux heures plus tard, j'ai martyrisé la table, déstacké nombre de petits tapis aussitôt remplacés par d'autres joueurs, distribué et reçu des bad beats à la pochetée, mais toute la table s'amuse, et je dois dire que moi aussi. Quelques bluffs se transforment en main gagnante - je mise, je pense être en bluff, on me paie, ah non ma main gagne, wtf? Entretemps, d'autres tables se sont ouvertes, l'après-midi commence et je décide d'aller me promener. J'ai recensé le carnet des spectacles de janvier, noté les horaires et les hôtels où ils ont lieu, c'est parti.
Comme je n'ai pas encore déjeuné, et que je vais aller au Mirage pour l'après-midi, je prends le monorail en direction du Nord, pour atteindre le Wynn, direction le buffet. Les appréciations à son sujet ne sont pas usurpées : le buffet du Wynn c'est les nuts (de mémoire, je crois que cette phrase est de vieto). Pour $40, la variété et la qualité des plats est parfaite. Plats chinois, japonais, fruits de mer, poissons, viandes, salades, pizzas etc. J'ai mangé des bouchées à la vapeur, des maki, des crevettes fraîches, de la patte de crustacé d'Alaska dont je ne connaissais pas le nom - ça ne vaut pas les homards du marché de Granville mais c'était quand même très bon - de l'agneau, des gnocchi, quelques légumes, des fruits secs, tout ça en petite quantité, et j'ai terminé par deux boules de glace à la fraise - savoureuses comme des fraises fraîches fondantes. Seul bémol : leur ice tea était dégueulasse - le thé américain, chaud ou froid, est de saveur très inégale selon les endroits. De toute façon, mieux vaut ne pas trop boire pour ne pas se remplir l'estomac, et profiter de la variété des plats. Rappelez-vous : Le Wynn. Les nuts.
Puis je prends la direction du Mirage pour acheter un billet pour le spectacle Beatles : Love, by Cirque du Soleil. Séance à 18h30-19h, j'ai deux heures devant moi, je pars me promener dans ces hôtels que je connais moins : le Venetian, le Palazzo, le Wynn, le Treasure Island, le Mirage. Dans ce coin, il vaut mieux utiliser les passerelles pour traverser la route : tant le Strip que le Sand sont difficiles à traverser à pied, même sur un passage piéton. La place Saint Marc miniature, avec un faux ciel nuageux et les terrasses sous les arcades me rappelle des promenades à pied dans la cité lacustre.
Retour au Mirage, pour le spectacle. Sachant que j'allais acheter une place, j'ai pris un ticket de réduction à l'entrée du Mirage - à Vegas il y a toujours un endroit où l'on cherche à vous refiler une bonne adresse ou une réduction pour ci ou ça - et pour $90 j'ai une place de premier choix. Il n'y a pas à dire, les américains ont le sens du show, ils y mettent les moyens. Associant la danse et le cirque, les troupes du cirque du soleil sont fabuleuses. La scène est au centre, des plateaux montent du sous-sol jusqu'à la scène, des câbles et des projecteurs partent du plafond : le spectacle est tout autour de vous, et vaut vraiment le déplacement. La musique des Beatles rythme les danses et les numéros, les paroles des chansons racontent l'histoire - et, bien évidemment, all you need is love.
Sorti du Mirage, je prends la direction du Rhino, où je ne suis jamais allé. Cette journée est donc à mettre en grande partie au crédit des GP qui ont défriché la jungle de Vegas pour trouver les bons plans. Alors, le Rhino... dans l'ensemble, c'est un bar, avec des scènes de danse, et une densité de demoiselles en bikini qui frise les heures de pointe dans le métro parisien. Je commande à boire, je m'assois loin de la scène principale, j'observe. Je discute avec une jeune femme moitié japonaise, moitié silicone, qui m'explique comment fonctionne la maison. Le principe est assez simple : les filles abordent (accostent?) les clients pour leur proposer une danse en salon privé. Rien de moins, rien de plus. A nouveau, je dois admettre que l'appréciation des GP est juste : la densité de bombes atomiques sur un demi-hectare a de quoi saturer n'importe quel compteur Geyger. Et malgré leur jeune âge, la jeune vingtaine pour la plupart, elles sont (re)faites à l'uranium enrichi. Quoi raconter d'autre? Je n'ai jamais apprécié les boîtes de nuit , ces endroits où la musique est forte au point qu'on doit faire un effort constant pour entendre ce que vous dit la personne qui est à cinquante centimètres de vous; où les modes musicales ont fait défiler tout ce que la musique commerciale fait de plus boum boum. Alors, je relève le défi d'aller m'installer dans ce qui semble être un carré VIP, sachant que je suis seul, et que je n'ai pas commandé de champagne, évidemment. Avec un peu d'aplomb et un verre à la main, ça passe tout seul, mission réussie, me voilà installé sur une banquette confortable. En chemin, j'ai pu constater que les filles avaient une attitude proactive pour attirer leur clientèle. Alors, je dois bien dire que c'est un plaisir de fin gourmet, pour quelqu'un comme moi qui n'ai pas un physique qui attire l'oeil façon Vincent Cassel (pour changer de Brad Pitt), de pouvoir décliner les avances de plusieurs très jolies jeunes femmes. Bref, le Rhino est, comme le sous-titre l'indique, un club réservé aux gentlemen.
Une fois mon verre terminé, je prends un taxi pour rentrer au MGM. Le temps d'écrire ce post, il est minuit, douche et dodo. J'ai encore la musique des Beatles dans les oreilles et les effets lumineux du cirque du Soleil dans les yeux. La Liberté >> {Heffner, Bellande, etc.}. Bonne nuit pour moi, bonne journée pour vous!