vendredi 31 décembre 2010

Quatre mois après la rentrée poker

Chers lecteurs, il est temps pour moi de vous présenter mes bilans de 2010 et mes perspectives pour l'année 2011.

Rapport moral
Malgré une longue période sans jouer, le début de l'année était très actif côté poker : des travaux théoriques et des analyses mathématiques sur le jeu d'une part, et d'autre part le suivi du débat parlementaire sur la loi règlementant les jeux d'argent sur internet m'ont largement occupé. Bien joué : mes travaux théoriques ont considérablement enrichi ma compréhension du jeu, et la certitude d'avoir bien joué un coup offre un bouclier puissant et invisible contre le tilt - lorsqu'on ne gagne pas le pot. Mal joué : je n'ai pas pu franchir le miroir des opérateurs de jeux .fr, ni celui de l'ARJEL.

De mai à août, activité poker quasi-nulle. Je me suis fait un petit plaisir en montant le buy-in du Joa Poker Tour 2010 à Antibes, pour avoir le plaisir de me faire slowroller par Alain Roy en bataille de blindes (57<55 sur K756x).

De septembre à décembre, ACF à Paris, j'ai repris mes galons de reg de la 100. C'est une partie de Texas no-limit à neuf joueurs, aux blindes 2-4, avec une cave minimum de 100 - il n'y a pas de cave maximum. On pourrait aussi dire sur internet : une NL400 FR, 25bb min-no max.

2010 se clôt sur une tendance très favorable.

Rapport financier
Ma bankroll actuelle affiche ce jour un solde positif de deux mille neuf cents euros.

Depuis cinq ans que je joue au poker, ma bankroll a toujours représenté un état de trésorerie, et pas une bankroll au sens premier du terme. Ma bankroll alimente certaines dépenses de la vie; lorsque ma bankroll augmente, je provisionne certaines dépenses à venir en puisant dans ma bankroll. Ainsi, ma bankroll n'augmente jamais. Par exemple : ces quatre derniers mois, ma bankroll m'a servi de trésorerie pour mes notes de frais professionnelles (environ cinq mille euros sur quatre mois), en attendant qu'elles soient remboursées.

Tant que j'ai quelques caves de trésorerie disponible, je ne réinjecte pas dans la bankroll de l'argent qui en était temporairement sorti. Je tiens mes comptes, pour évaluer si j'ai de quoi absorber la variance de telle ou telle limite.

Rapport d'activité depuis le 15 novembre
La fin du mois de novembre a été mauvaise, avec plus de six mille euros d'écart à l'EV en Omaha5. Des coups où mes adversaires avaient seulement six ou sept cartes pour gagner, que j'ai tous perdus. Il n'y a pas de quoi hurler au bad run, ça représente six caves en PLO5; mais c'était suffisant pour que je rétrograde sagement en NL400, pour engraisser un peu avant de rejouer en PLO1000.

Début décembre, pas de poker - j'ai eu du boulot par-dessus la tête, on a fait en deux semaines les objectifs du trimestre. Fin décembre, j'ai repris le grind, j'ai ponctionné ma bankroll de toutes les dépenses de fin d'année (impôts, dettes, factures, cadeaux pour les enfants, vie courante), ça s'est bien passé.

Perspectives pour 2011
Rester un amateur averti au poker. Fin janvier, je pars pour dix jours à Las Vegas; sont pour l'instant prévus quatre jours d'acclimatation et de loisirs et quatre jours de boulot. 1-2 for fun, cirque du soleil, Ô, grand canyon... depuis avril 2003, la ville a dû changer, je vais faire du tourisme.

Maintenant que mes comptes sont séparés, je vais effectuer une transition de ma gestion pour permettre à ma bankroll de croître. Objectif : monter seize mille euros de gras pour grinder la PLO1000. Date prévisionnelle : mi-avril.

Si je poursuis dans ce timing, j'irai jouer quelques tournois en juin pendant les WSOP. Mixed-games, razz, PLO8, peut-être un ou deux tournois de Texas mais pas plus. Prochain bilan cet été.

vendredi 12 novembre 2010

Une goutte d'eau dans l'océan du poker : l'Omaha 5

Les semaines défilent, l'automne s'incruste avec son lot de pluies froides et de feuilles jonchant le sol. Alors, métro boulot poker dodo. Ma variante de prédilection devient l'Omaha 5. La profondeur des tapis à la table est un facteur important, non pas de la jouabilité, mais de l'intérêt pécuniaire d'une table. Ainsi, une table à 2-4 où les joueurs se cavent à 100 (25bb) amènera rapidement des situations de sur-relance préflop où les joueurs auront misé la moitié de leur tapis préflop, et auront une cote de 5:1 ou de 6:1 pour miser l'autre moitié quel que soit le flop. Faute de plusieurs tapis profonds, la "100 Omaha" n'a que peu d'intérêt. En 5-10, où la cave minimum est cette fois de 500 (50bb), il est rare que plus d'un ou deux joueurs soit cavé au minimum. Il y a cette fois du jeu postflop, multi-joueurs (entre quatre et six par coup le plus souvent), et l'on peut souvent voir la turn pour pas trop cher avant d'avoir à investir la majeure partie de son tapis.

Cela ne signifie pas que les coups ne soient pas chers, bien au contraire : il y a souvent un animateur des relances préflop à la table - profil : un attaquant naturel (il aime miser), cagoulé ou pas, il joue au poker pour disputer un pot de 250 plutôt que de 50. Il faut donc entre 40 et 60 pour voir un flop, et entre 80 et 120 lorsqu'il y a une option à la table (ce qui devient cette fois un signe d'intention de gamble ou de cagoule - les deux sont souvent liés, d'ailleurs). Pas besoin de faire une option pour réveiller une table d'Omaha 5 : elle ne dort jamais, pas même d'un oeil.

Quant à l'idée d'effectuer un limp-3betpot pour valoriser une main préflop (Deux As deux couleurs?), vous pouvez l'oublier : vous disputerez à quatre un pot à 220 préflop (~900 au milieu) au lieu de disputer à six un pot à 40 préflop (~240 au milieu). Selon la taille du tapis qui reste à miser (tant chez vous que chez vos adversaires), vous pouvez être certain que quelqu'un paiera jusqu'au bout et que, au final, vos cartes doivent connecter un minimum avec le tableau. Je me rappelle avoir 3betpot deux As deux couleurs avec un petit tapis, misé facilement le reste sur un flop rainbow où j'avais trouvé un troisième As pour top set : mes deux adversaires n'ont eu aucun mal à payer le reste, avec une cote acceptable pour voir deux cartes et toucher une quinte backdoor (wheel, broadway ou même parfois en plein cintre) ou une couleur backdoor. Il y a donc une dynamique de table, qui permet aux payeurs de s'offrir mutuellement une cote favorable même dans un coup sur-relancé préflop.

Run it once or twice? Le fait de poser cette question, ou d'avoir à répondre à cette question, donne certaines indications sur les style des joueurs. Pour ma part, je ne la pose jamais (en v.f : Tu veux un ou deux?), et je réponds Toujours un lorsqu'on me la pose. On y va, à fond. Techniquement, la question n'est pas dénuée d'intérêt. J'aimerais éluder l'argument principal que l'on lit souvent à ce sujet : réduire la variance. Contrairement aux idées reçues, la variance n'est pas une ennemie. C'est une alliée du bon joueur de poker. Sans la variance, les mauvais joueurs se rendraient compte qu'ils perdent tout le temps, et ou bien ils chercheraient à s'améliorer, ou bien ils cesseraient de jouer (et de dilapider leur argent au poker). L'argument principal est lié à la dynamique de la table. Si vous perdez le coup, est-ce que vous recavez ou est-ce que vous terminez votre session? Si votre adversaire perd le coup, va-t-il recaver (miam recave deep du fish en tilt spewy de la table) ou va-t-il la quitter (un seul fish vous quitte et la table est dépeuplée...)? On est deux joueurs dans le coup : toujours un, je suis là pour te décaver et toi aussi, alors pas de courbettes.

S'il y a un troisième joueur dans le coup et que le pot est protégé parce que ce joueur est à tapis : c'est un cas où je peux accepter de tirer deux fois. Lorsque le joueur à tapis n'est pas censé avoir une main, on se donnera le plus souvent deux chances de le battre (si scoop), ou de se partager ses restes (split pot charognard). Contraindre un petit tapis à recaver ou à quitter la table (et laisser entrer un tapis plus gros?) rend souvent la partie plus belle - traduire : plus lucrative. Lorsque le joueur à tapis a une main, par exemple il bet top set au flop, vous payez avec des montantes et nfd, un autre adversaire paie et touche à la turn sa quinte en bas qu'il mise : vous pouvez envisager de payer avec vos outs vivantes (quinte montante? bfd?) et de tirer deux fois la river pour récolter une partie de l'argent du pot principal.

Dernier cas : lorsque vous pot'n'pottez deep avec les nuts partagés (votre adversaire a annoncé la quinte max, vous l'avez aussi mais vous avez un ou plusieurs redraw intéressants), votre intérêt est de faire croître géométriquement le pot et de tirer deux fois, pour augmenter la fréquence des trois quarts-un quart en votre faveur - car les cas de freeroll pur sont finalement assez rares en Omaha 5.

L'Omaha 5 en 5-10 concerne une cinquantaine de joueurs à l'ACF, il peut y avoir trois tables ouvertes en début de soirée - en général la tertiaire complète rapidement la secondaire, et même la principale n'est pas 24/7. Certains joueurs sont très bons, d'autres sont moins bons (et plus riches pour compenser) : il y a le même vivier dans ce minuscule aquarium que dans d'autres variantes de poker. J'aime ce jeu, tant par ses aspects techniques que par l'avantage pécunier que j'espère en retirer dans les semaines ou les mois à venir. A suivre.

samedi 9 octobre 2010

Cinq semaines après la rentrée poker

Il est temps de raconter quelques coups de poker sur les cinq dernières semaines. Côté tournoi, j'ai fait deux Double Chance (du jeudi soir à l'ACF (200€, 5000 jetons, 30' par niveau), et deux deepstack du lundi soir au Gaillon (400€, 15000 jetons, 20' par niveau). Un rapide et un turbo, en somme. Chou blanc côté ITM, je saute sur des situations favorables de double-up, mais ça ne passe pas.

Je reste étonné par la proportion importante de joueurs faibles, qui poursuivent une stratégie répétée de gamble défavorable (35%-40%), avec ou sans la cote en jetons, avec ou sans la profondeur de tapis pour survivre dans de bonnes conditions en cas de défaite. J'étudie certains profils de joueurs, notamment ceux qui construisent des coups à partir de rien pour monter des jetons sans atteindre le showdown. Exemple : blindes 25-50, JeMonteDesJetons relance à 250, a un payeur derrière lui, le flop vient, JeMonteDesJetons cbet à 875 alors qu'il y a 575 dans le pot, et 15k de profondeur chez les deux joueurs. Son adversaire passe, ces jetons me semblent facilement gagnés, et l'image du déglingo agressif qui fait monter la sauce pour permettre une mise à tapis avant le showdown, alors qu'on joue avec 300bb, semble impressionner les regs (bons ou mauvais) de ce genre de tournois. Après, avec un tapis qui a progressé en trois quarts d'heure (entre +33% et +100%), JeMonteDesJetons a rapidement un avantage important contre un tapis qui a stagné (30k vs. 15k de départ) ou qui a fondu (20k vs. 11k après la fonte).

Ma stratégie en début de tournoi se fonde essentiellement sur les mains de contre et les implicites postflop face à un adversaire sérieux, mais qui peut tomber amoureux à tort de sa main. Je devrais mixer cette stratégie avec une stratégie de relance agressive (j'ouvre le pot, un payeur, je cbet, et je vois après); et je devrais aussi mixer avec une stratégie fondée purement sur les jetons et la peur d'un adversaire smallball pour les coups à tapis ou committant en jeu deep. Pour l'instant, la valeur des cartes et les erreurs adverses me permettent d'être paresseux, mais j'ai toujours à l'esprit en début de tournoi que j'ai quelques tours de magie dans mon arsenal.

Gaillon, 100-200/25, j'ai 15k. Sérieux ouvre à 600 devant moi (il a 20k), je paie avec K3dd - j'ai une image SérieusePassive - et Loose défend de SB (il a 23k). Flop 865ddd. Loose bet 2500 (2250), Sérieux call 2500, j'ai un shove facile, instareshove chez Loose (ou bien il savait combien j'avais, ou bien cela ne rentrait pas en ligne de compte dans son analyse), Sérieux réfléchit avant de passer une paire de Sept où le 7d lui offre un tirage quinte flush. Loose abat un tirage Carreau Ad2x, pour une cote de 1,8:1 du pot, mais il est à 2,45:1 contre mes cartes. Je saute.

Gaillon, 300-600/50, j'ai 5900 en BB avec AQo. UTG (13k) relance à 1500, sept joueurs passent, j'ai un easy shove for value, il instacall avec A5hh. Je double.

Gaillon, 400-800/75, quelques coups après le coup précédent. J'ai 55 et 12100 jetons, avec une position trop faible pour openshove (si j'avais été au hijack ou plus loin, j'aurais openshove). Au lieu du fold (qui est la bonne façon de jouer la main dans ce cas précis), j'opte pour une relance à 2400, de façon à compenser mon équité théorique en y ajoutant une certaine proportion de resteals adverses que, bien évidemment, je vais payer. Un passe, un payeur, un passe, un reshove au bouton pour 12k, c'est parfait, je paie. Ici le payeur intercalé voit que nos deux tapis sont à peu près équivalents, et se trouve une belle cote pour payer malgré une main faiblarde (JTcc) et peu de tapis (6k derrière), et se trouve dans la seule configuration où ses deux cartes jouent : JTcc>5d5h>AcKs. Je saute.

En cash game, je n'arrive pas à toucher le bad beat jackpot (full aux As battu, toutes les cartes des joueurs doivent rentrer), même sur des tables passives préflop, comme la 2-2 365 jours par an, ou une 2-4 bien fatiguée certains soirs. A noter que jouer sur l'Omaha 2-4 pour jouer le bad beat jackpot est une erreur d'appréciation : à 100 de cave, la plupart des coups sont à tapis préflop, et pour toucher carré battu en Omaha4 ou carré de 10 battu en Omaha5, il faut jouer un paquet de mains faibles qui méritent d'être passées ou limpées en position, autant dire qu'on jette l'argent par la fenêtre. Alors, je me contente de grinder tranquille en Texas Hold'em. Je n'ai pas rejoué sur l'Omaha 5-10 cette semaine, j'ai un peu de retard dans mes notes de frais et beaucoup de voyages, et comme j'ai avancé ces frais sur ma bankroll, pas question de broker la carte bleue pour une question de trésorerie.

La semaine prochaine, pas de Gaillon lundi, mais probablement le DoubleChance jeudi. Et le bad beat jackpot va bien finir par tomber à ma table ;-) [Edit 10 octobre : était-ce prémonitoire? J'ai touché mon premier jackpot en main perdante en cinq ans de jeu à l'ACF. Je paie l'option avec AThh UTG en table complète, tous passent, BB complète, option relance à 30, je paie, BB passe. Flop AcAdKc, il mise 30 que je paie, turn AcAdKcTc, il mise 100 que je paie, river AcAdKcTcJs, il mise 206 et tapis que je paie, évidemment. Il ouvre AsJd pour la main gagnante (~4250 en bonus), la main perdante rapporte ~8500, les sept autres joueurs gagnent 610. Nice hand.]

vendredi 1 octobre 2010

La stratégie du choc

Contre toute attente, ce titre ne fait pas référence au poker. C'est la traduction française de l'essai intitulé The Shock Doctrine de Naomi Klein. Le sous-titre est à peine plus évocateur sur le contenu du livre: La montée d'un capitalisme du désastre (The rise of disaster capitalism).

J'avais lu il y a quelques années l'excellent No logo du même auteur, qui traite des stratégies du marketing et de la publicité des sociétés multinationales. Que l'on soit d'accord ou pas avec l'analyse et les conclusions de l'auteur n'entre pas en ligne de compte dans l'évaluation de l'ouvrage : l'organisation méticuleuse de l'enquête, les sources nombreuses et citées en référence de façon exhaustive font de l'ouvrage un modèle de journalisme.

Le nom de l'auteur a suffi à ce que j'envisage l'acquisition de cet essai. Le quatrième de couverture était concis et efficace, associant Pinochet, Tiananmen, la chute du l'Union soviétique, le 11 septembre, la guerre en Irak, un tsunami et des cyclones : enfin un livre où l'histoire contemporaine ne s'arrête pas en pleine guerre froide, avant (bien avant?) ma naissance.

Les lecteurs à l'âme sensible, ou à l'estomac fragile, prendront soin de ne pas lire le premier chapitre consacré à la torture, qui n'est pas indispensable à la compréhension du reste du livre - même si l'analyse de l'auteur reste pertinente. Dans les chapitres suivants, l'histoire de pays parmi lesquels le Chili, l'Indonésie, la Bolivie, le Brésil, l'Argentine, l'Angleterre, la Chine, l'Afrique du Sud, la Pologne, la Russie, les Etats-Unis ou l'Irak est passionnante, parce que la mise en perspective d'événements que l'on a soi-même vécus dans un monde surmédiatisé vous offre de nombreuses possibilités d'analyse a posteriori de votre propre histoire. Comprendre le passé, et il s'agit ici d'un passé proche qui n'est pas dans les livres d'histoire, pour analyser le présent et anticiper l'avenir mouvant de notre histoire.

La stratégie du choc, La montée d'un capitalisme du désastre, par Naomi Klein, est publié en français (excellente traduction) chez Actes Sud, collection Babel.

dimanche 26 septembre 2010

Operative Day One

Trois semaines après la rentrée, j'ai tant de choses à raconter que je ne sais pas par où commencer. J'ai accumulé les déplacements, les nuits d'hôtel, les milliers de kilomètres parcourus, les milliers d'euros avancés en attendant le remboursement des frais, et les heures supplémentaires. Première fois depuis dix ans que je porte un objectif spécifique, avec des listes de clients et de produits. Auparavant, mon variable était indexé sur le chiffre global de la filiale, ce qui me permettait de pouvoir travailler avec tout le monde sans me poser de questions. Aujourd'hui, non seulement je vais travailler avec des interlocuteurs spécifiques, mais je vais devoir en aiguiller certains parmi eux pour qu'ils montent en puissance sur les produits dont je m'occupe. Quatre millions d'euros de chiffre d'affaires sur six mois, heureusement que les affaires tournent, et que plusieurs produits dont je m'occupe sont mis en avant par la stratégie commerciale, avec des primes en cash pour tous par unité vendue.

Côté poker, j'ai désormais un catalogue varié selon mes disponibilités : lundi, le 400 du Gaillon; mardi le 150 de l'ACF; mercredi cash game; jeudi le 200 deep de l'ACF. Lorsque je ne suis pas à l'heure pour le tournoi, où si j'en saute prématurément, le CG en NLH 2-4 ou en PLO5 5-10 complète l'emploi du temps.

Pas beaucoup de coups marquants en cash-game, en hold'em c'est rentable et banal au possible; en Omaha j'ai perdu un coup où j'étais bien (>55% contre deux adversaires, -970 au lieu de +2450, avec top set contre weak flush draw chez un petit tapis et contre bottom set et non-nut flush draw chez l'autre), et j'ai collé un bad beat sur une mauvaise lecture (<20% contre deux adversaires également, +1610 au lieu de -730), où le relanceur préflop décide de checker le flop avec un joueur à parler derrière lui, pour un check-raise inattendu qui m'a vraiment mis dedans dans la compréhension du coup (je pensais qu'il avait AA et le rab' de quinte, au lieu de cela il avait middle set tout nu et devait espérer qu'aucun de ses deux adversaires n'ait top set). Pour l'instant, la gestion de bankroll est sur la 2-4, et le superflu passe entre le PLO5 5-10 et les tournois. Je réajusterai au premier gros gain en tournoi, ce sera peut-être dans trois mois. Désormais, je gère sur trois comptes distincts le salaire, les notes de frais, et la bankroll.

vendredi 3 septembre 2010

Affaires à Paris

C'est la rentrée. Après quelques mois de vacances, je reprends une nouvelle activité professionnelle à Paris. Un poste intéressant, un salaire décent : c'est toujours positif d'être motivé dès le réveil pour aller travailler.

Côté poker en ligne, je ne suis inscrit sur aucun .fr, sujet clos. J'ai repris cet été le live à l'ACF, après plusieurs mois (années!) d'absence. Je m'y sens à l'aise, confortable. Je vais mixer entre la 2-4 (NLH400) et la 5-10 (PLO1000). Le tournoi du jeudi soir - un 200 double chance, deepstack de meilleure facture que le 500 turbo du mercredi - pourrait devenir un rendez-vous hebdomadaire.

Point de départ de la bankroll : 40 caves (100bb) en 2-4. Le PLO et le tournoi seront gérés à part, dès que j'aurai alimenté, par un jeu subtil de vases communiquants, les bankrolls associées. Shuffle up and deal.

lundi 2 août 2010

Marre des mauvais films intimistes à la française.

Hier soir, il y avait tant de films avec Daniel Auteuil programmés à la télé que je me suis demandé si je n'allais pas tomber sur un sujet Daniel Auteuil - Repose En Paix sur internet. Mais non, l'acteur est bien vivant - c'est un hasard de la programmation télévisuelle. J'ai donc profité d'une programmation intellectuelle de TF1 pour regarder L'un reste, l'autre part.

Je pensais, avec l'expérience du temps, être un spectateur à l'abri des dangers du film intimiste à la française. Des histoires contemporaines, des sentiments parfois dégoulinants, jouant sur le doux-amer, la nostalgie, l'amour naissant ou déclinant, les amours compliquées, les relations impossibles, les éclats de rire du désespoir lors des situations dramatiques, les colères et les engueulades qui crèvent d'un coup l'écran et les abcès des non-dits. Erreur complète d'évaluation de ma part, la contradiction évidente entre TF1 et film intellectuel réussi aurait du me sauter aux yeux.

J'ai regardé le film jusqu'au bout. A chaque coupure pub, je me suis levé pour aller boire de l'eau à la cuisine. Seul chez moi, j'ai commenté à haute voix la nullité du film. La vacuité des personnages. Le crime de lèse-crédulité. La convenance des situations mille fois racontées depuis le marivaudage. L'absence totale de fil conducteur autre que le temps qui passe, et qui laisse le spectateur s'interroger sur l'enchaînement des scènes qui, tour à tour, centre la narration sur un personnage différent. Le sordide des scènes représentants des couples d'acteurs censés mimer le désir physique. Le dégoût des dialogues vulgaires où les personnages amants ne cessent de se mentir ou de travestir leurs émotions. Et évidemment, une fin de film dans une situation indécise. Au début les personnages étaient à la dérive, le film décrit la tornade des sentiments au milieu de la tempête du désespoir malheureux, à la fin les personnages sont de nouveau à la dérive. Bon vent.

Cet après-midi, la pluie m'a pris au dépourvu, et je n'ai pas eu envie d'assembler des planches toute la journée. Je me suis donc installé devant un DVD que je n'avais pas encore vu. D'habitude, j'aime bien Klapisch, la justesse de la mesure de ses plans, son style de narration. Dans Paris, Paris n'est qu'un décor, et c'est bien dommage. Paris est un océan : les flots sont agités, on y voit des personnages flottants qui se débattent, s'ébrouent, se poussent et se repoussent, n'ont pas pied et se noient. Un début à la dérive, un milieu agité, une fin à la dérive. Produire des films intimistes ratés est devenu la mode commerciale à la française. Comme les blockbusters américains sont constants en médiocrité, ça ne fait plus grand-chose à voir au cinéma.

Je termine avec deux films intimistes de qualité, réalisés par la même équipe (réalisateur, acteurs) à dix-sept ans d'intervalle. Le déclin de l'empire américain (1986) traite des relations hommes-femmes. Les invasions barbares (2003) traite du temps qui passe, des époques qui changent et de la mort. Les personnages y sont crédibles, les dialogues sont ciselés et subtils, le scénario sait s'achever à l'aube ou au crépuscule.

Morale : Pour éviter l'overdose de dégoût, mieux vaut choisir un spleen pur et raffiné.

lundi 24 mai 2010

Mai 2010, no-pok's land

Il y aura bien un avant-loi et un après-loi, nous sommes exactement entre les deux. Le parcours parlementaire avait suivi son chemin de façon normale : octobre 2009, Assemblée Nationale; février-mars 2010, Sénat; avril 2010, retour à l'Assemblée Nationale. Le passage par la case Conseil Constitutionnel n'a rien modifié (il faut dire que les socialistes ont été très faibles quant à leurs arguments parlementaires, mais passons). Le 12 mai 2010, la loi a été promulguée, et depuis, chaque jour apporte son lot de décrets d'application. Depuis le temps tous les acteurs de cette partie se préparaient, le départ a été donné et tous se sont rués. C'est la foire d'empoigne.

Occupé par mes obligations personnelles, j'avais arrêté de grinder (est-ce qu'on grinde en $1.1...?) le 15 avril, avec un superbe $340 de bankroll. J'avais l'intention de jouer des SCOOP, mais je n'ai pas eu le temps de satelliser ce que je voulais. Alors, j'ai fait un peu de PLO100HU, les fishs étaient là et ne pas se prendre de suckout a suffi à mon bonheur; puis j'ai terminé 3ème (sur 32 joueurs) du tournoi $215 8-game hebdomadaire : bref ma BR a fait un gros bond en avant, avec $1700.

Alors, vais-je attaquer le grind en $11+1 180 joueurs turbo, ou autre chose? La réponse est non : je n'ai pas le temps, je vais (je touche du bois) retrouver du boulot et signer pour le début du mois de juin, bref j'arrête le poker en ligne, qui à l'ouverture de ce marché n'a pas assez d'arguments pour m'inciter à y jouer. Comme je vais bosser à Paris, je suppose que je serai à l'ACF un certain nombre de soirées en semaine, quelque part entre la 2-4 deep et les tables de la petite salle : une limit 40-80 A-5, 2-7, Omaha5 HiLo et Badugi est dans mes cordes et dans ma BR, sinon ce sera la 250 Omaha 4/5 ou Texas, bref on verra bien.

J'ai eu quelques discussions théoriques sur Club Poker, je dois bien dire que le format du forum n'est pas adapté pour ces discussions. Entre les quiproquos, la latte, les trolls, et les avis stratégiques différents, on se retrouve toujours au milieu d'une certaine cacophonie dès que le post atteint quelques pages de discussion. Dans la même veine, Grenoble Poker est assez calme, même les bons grinders ont mis la sourdine.

Le mot de la fin sera interprété par Robert Dalban, alias Jean dans Les tontons flingueurs : Quand ça change, ça change. Faut jamais se laisser démonter.

lundi 5 avril 2010

Monter en buy-in, descendre en volume?

La bankroll poursuit sa progression : en 19 jours et 650 tournois, j'affiche désormais $272 au compteur. Le multitabling se passe bien, entre 16 et 20 tables ouvertes en continu. Hier soir, je suis monté à 25-26 tables simultanées presque sans m'en rendre compte tant le rythme n'était pas délirant.

Plus des deux tiers de ces tournois sont des $1.10, 90 joueurs. Je gagne en moyenne $0,54 par tournoi, soit un ROI juste en-dessous de 50% (edge 0,532). J'ai complètement arrêté les $1.10, 45 joueurs : en 108 tournois, avec un edge un peu inférieur (0,522), j'obtiens $0,29 par tournoi, pour un maigre 26% de ROI. Mon échantillon est moindre, la structure un peu moins linéaire, l'effet bulle un peu plus important : bref ma rentabilité est meilleure en $1.10 90 joueurs.

Au-dessus, j'ai commencé à mixer avec les $3.25 90j (5') et, depuis hier soir, avec les $2.20 90j (10'). La structure des tournois à 180 joueurs est bien moins bonne que celle de ceux à 90 joueurs : elle est non seulement plus rapide, mais elle comporte d'importants à-coups à chaque fois que les blindes doublent d'un niveau à l'autre. Pour le $2.20 90 joueurs non-turbo, je n'ai pas remarqué de différence majeure de stratégie. 2000 jetons au lieu de 1500 ne change pas grand-chose. Les tournois durent plus longtemps, ce qui oblige à avoir une durée de session plus longue. Départ en fanfare en dix tournois, et ce sans faire top 3! Edge 0,568, ROI 127%, $2.80 gagnés par tournoi. Je vais poursuivre pour obtenir du volume sur ces tournois, et il sera alors temps de faire des statistiques.

J'ai étudié les volumes en tournois à 90 joueurs. Pour l'instant, je n'ai pas de difficultés à monter à 20 tournois simultanés : les $1.10 se renouvellent très rapidement, les $3.25 ont un volume plus faible mais acceptable (il y a un tournoi à $3.25 pour quatre ou cinq tournois à $1.10), et les $2.20 ont un bon volume (je comparerai plus précisément quand j'en aurai fait davantage). Le problème, le futur problème, est que les tournois à $6.50 ou à $12, 90 joueurs, sur la même structure, ne se remplissent pas. Il y a entre six et huit inscrits, ça ne progresse pas, ça ne démarre jamais. Les tournois à $6.50 sont handicapés par le filtre $1-$2-$5-$10-$20, et pour les tournois à $12, le 180 joueurs turbo est celui qui a du volume (malgré sa structure pourrie qui le rapproche d'une loterie), mais le $12 90 joueurs turbo reste vide. Mais il sera temps d'en reparler quand je ne pourrai plus mixer $2.20 et $3.25. J'ai encore un peu de temps devant moi.

Vendredi, DeepStack Open à Aix-en-Provence.


mardi 23 mars 2010

Autumn leaves and spring blossoms.

Spring blossoms in my garden. The winter snow has melted for good, and the brown and yellow oak leaves that had been caught by surprise five months ago lie all around outside my house. I gotta spend a little time to prepare the next season.

Being successful in a poker festival is like gardening. It requires a little preparation every day before the season starts, in order to be ready when the right time comes. Planting seeds, monitoring the growth, harvesting the fruits, taking care of the flowers, cleaning and cutting the trees : all these tasks have to be planned.

The SCOOP Poker Festival will take place in May, forty days from now : the time is right to prepare my plan. A poker festival requires free time, money, and goals. Time is important, as playing from four to ten hours every day for almost two weeks is a constraint on your life. Money is important, whether you are playing for fun or for money. And if my goal is to be successful in the tournaments I play, I have to compete in a field that is not too big. Beating 10000 skilled and not-so-skilled players is quite more difficult than beating 500 skilled players.

The poker tournaments that meet these requirements are listed below. Low-stakes tournaments will have a huge field, I cross that; so will the no-limit Hold'em medium stakes tournaments, I cross that; high-stakes tournaments are out of my budget, I cross that. I can play middle-stakes, non-Texas games, I check that. Eighteen tournaments are on my list.

04-M Badugi $162, limit
06-M Draw Poker $109, pot-limit
10-M 7-Stud $320, limit
11-M Omaha HU $215, pot-limit
13-M Hold'em Ante-Up $162, no-limit
14-M Omaha HiLo $530, limit
16-M Hold'em Triple Shoutout $215, no-limit
18-M Hold'em $215, limit
24-M 2-7 triple $109, limit
25-M 7 HiLo $215, limit
27-M Razz $215, limit
29-M 8-game $320
30-M Omaha HiLo $109, pot-limit
32-M Hold'em $530, limit
33-M Omaha HiLo $215, no-limit
34-M Omaha $530, pot-limit
35-L Hold'em HU $270, no-limit
36-M HORSE $215

Should I have extra money to spend, I will play the main event (38-M Hold'em, $1050, no-limit). April will be a month of satellites for these events.

lundi 22 mars 2010

Enfin une tendance qui me plaît

Depuis début 2010, je suis reparti de zéro pour reconstruire une bankroll. Une mise de départ, qu'on essaie de faire fructifier, puis lorsqu'on a de la réussite, qu'il s'agit de gérer avec un BRM approprié.

Or, jusque-là, malgré mes tentatives, j'avais surtout réussi à obtenir la case broke. Les tentatives de décollage agressif se sont soldées par la case broke quand je n'avais pas le niveau, et par la case bad-beat-broke quand j'avais le niveau mais pas la profondeur pour absorber les fluctuations.

Alors, fort de quelques articles mathématiques que j'ai écrits (je rapatrierai sur ce blog ceux que j'ai postés ailleurs, sur Grenoble Poker ou sur Club Poker), je me suis dit qu'il était temps de prouver que les mathématiques ont raison, qu'il existe des variantes de jeu où je suis assez fort pour être rentable malgré le rake.

Alors, grande nouvelle : je suis rentable sur les tournois à 45 ou 90 joueurs, structure 5 minutes, à un dollar et dix cents. Ma bankroll a désormais 120 buy-in ($132), j'arrive à faire un petit volume en multitablant 16-20 tables en continu sans nuire à la qualité de mon jeu, tout ça sans tracker. Je vais continuer encore un peu à cette limite, avant de mixer ces tournois avec le niveau au-dessus, à trois dollars et vingt-cinq cents (rake 8,33% au lieu de 10%, youpi!). Puis il sera temps, avec l'accumulation des tournois, de faire quelques mesures statistiques pour calculer mon estimateur d'edge, et l'écart pratique entre la structure winner-take-all (utilisée dans mes calculs théoriques) et celle de ces tournois.



Il y a un facteur psychologique très important dans le tournoi : le buy-in s'oublie très facilement, seuls comptent les jetons. Dr. Taamer or : How I stopped worrying and loved the bubble.

jeudi 18 mars 2010

Stratégie probabiliste shortstack

Une fois que l'on a établi le classement push des mains, et que l'on est familiarisé avec leur force, il n'y a plus qu'à savoir quand miser son tapis avec telle ou telle main : avec quel tapis, et à quelle position à la table?.

Le jeu push-or-fold a été résolu en heads-up par Sklansky et Chubukov. Ils calculent la taille maximale du tapis (appelé nombre de S-C) qu'un joueur peut pousser pour gagner un pot de 3 unités, en situation de heads-up. C'est une situation d'équilibre entre les nombreux petits vols, couplé aux situations moins fréquentes où votre adversaire vous paie avec une meilleure main. Mais tout le monde sait qu'au Hold'em, même la main la plus faible conserve une certaine équité.

Il nous faut donc résoudre le jeu push-or-fold avec plus d'un adversaire à parler derrière nous, ce qui augmente la probabilité qu'une meilleure main que la nôtre soit distribuée chez l'un des joueurs restants à parler. On ne s'étonnera donc pas que la taille maximale du tapis que l'on puisse miser, avec une main donnée, dans une position donnée, diminue drastiquement par rapport au calcul heads-up.

Comment faire les calculs? Il s'agit de savoir ce que l'on calcule. Si j'ai par exemple QQ en main, le dénombrement qui m'intéresse est de savoir combien de fois l'un de mes adversaires pourra avoir AA ou KK en main, qui sont les seules mains que je craigne vraiment.

Il y a 1326 mains au poker, dont six fois AA et six fois KK. Si je tire deux cartes dans un paquet de 52, la probabilité que j'obtienne AA ou KK est de 12 / 1326. Si j'effectue plusieurs donnes, j'obtiens une probabilité combinée, que l'on appelle tirage multiple avec retirage. Avoir au moins une fois AA ou KK en n donnes vaut 1-(1314/1326)^n.

Lorsque je veux savoir si n adversaires peuvent avoir AA ou KK sur la même donne, la procédure est différente : je prends deux cartes dans le paquet de 50 cartes pour le premier adversaire, puis deux cartes dans le paquet de 48 pour le second adversaire, et je continue ainsi de suite, sans remettre les cartes déjà distribuées dans le paquet. C'est évident pour vous, qui avez déjà vu une donne de poker. Nous avons cette fois un tirage multiple sans retirage.

Lorsqu'on tire des boules blanches et des boules noires, les calculs restent assez simples, que l'on fasse ou pas des retirages. Mais au poker, on tire des cartes une par une, et on compare leur association en combinaison de deux cartes. Ce dernier point complique le problème pour compter les combinaisons! En effet, si le tirage pour le premier adversaire est le 5 de Pique et le Roi de Coeur, j'ai obtenu une combinaison qui n'est ni AA ni KK, mais cette combinaison modifie le nombre de combinaisons favorables pour les tirages des joueurs suivants, puisque le Roi de Coeur aura été retiré du paquet. C'est ce calcul de corrélations qui donne toute sa complexité, dans le calcul, au problème qui nous intéresse.

Pour ceux qui aimeraient creuser ce problème, voici quelques pistes. Le nombre de façons de distribuer deux cartes à un joueur, à partir d'un paquet de 52 cartes, est de C(52,2)=52*51/2, c'est à dire 1326. Le nombre de façons de distribuer deux cartes chacun à deux joueurs, vaut C(52,4)*3!!, où la notation 3!! représente le produit des nombres impairs jusqu'à 3. 1!!=1, 2!!=2, 3!!=3*1, 4!!=4*2, 5!!=5*3*1, 6!!=6*4*2, etc. Ce nombre représente les associations possibles des cartes tirées, deux à deux. Par exemple, le nombre de choix possibles pour une journée de calendrier de championnat de football, à 20 équipes s'affrontant deux à deux, vaut 19!!. Une fois qu'on a le nombre de semi-donnes, c'est à dire le nombre de façons de répartir 2n cartes tirées d'un paquet de N cartes et distribuées à n joueurs, la difficulté est de calculer les corrélations pour appliquer la méthode d'inclusion-exclusion pour déterminer le nombre de donnes où aucun adversaire n'a AA ni KK. C(2n, N)*(2n-1)!! est le nombre de semi-donnes, je vous laisse commencer les calculs de corrélation, c'est facile quand il n'y a que des paires, c'est plus compliqué lorsqu'il y a les combinaisons ont des cartes en commun. Soyez rigoureux.

Tout ça pour dire que j'ai contourné la difficulté du calcul - même s'il s'agit d'une difficulté de bien organiser le compte des corrélations - en utilisant une approximation. Il se trouve que la loi statistique des tirages avec retirage s'appelle la loi hypergéométrique. Cette loi admet trois paramètres : le nombre total d'éléments que l'on peut tirer (A), le nombre de tirages successifs (n), et la fraction de résultats favorables (p). Cette loi possède un certain nombre de propriétés, dont une qui m'intéresse : lorsque n est petit devant A, la loi hypergéométrique converge vers la loi binômiale, qui est celle des tirages successifs avec retirage. Ici, A vaut 1326, n vaut au maximum 9, tout roule.

mercredi 17 mars 2010

Rétroclassement : ordre de push, ordre de call.

(suite du billet précédent) Le tableau de rétroclassement nous apprend plusieurs choses. D'abord, que l'on peut déterminer un classement des mains. Ce classement n'est pas un ordre au sens mathématique, car la non-transitivité réfute toute idée d'ordre. Qu'une main soit mieux classée qu'une autre indique juste que cette main se comporte mieux face à un range donné, par construction du classement. C'est un ordre de push : plus vous avez une main forte, plus vous pouvez pousser votre tapis pour prendre le pot tout de suite, et avoir de l'équité si vous êtes payé.

Le tableau de rétroclassement nous apprend aussi que les ranges de push doivent être connexes en stratégie push-fold. Si dans une situation à la table donnée, décrite par votre siège, par votre M, et les actions faites avant vous, vous misez votre tapis avec la main qui est classée 31ème, alors cela signifie que votre range de push théorique est composé d'au moins les 31 premières mains de ce classement. Vous poussez de la même manière avec les As, avec les Rois, avec la 9ème, la 15ème ou la 31ème main. Ces mains sont positives en termes de risque/récompense : vous poussez. De la 32ème à la 169ème main, vous passez : votre main a trop peu d'équité pour que votre mise à tapis soit rentable. Savoir quand vous devez pousser votre tapis et quand vous devez conserver vos jetons devient alors la décision la plus simple que vous ayez à prendre au poker. La suite dans un prochain article.

Savoir quand payer une mise adverse à tapis est, en revanche, l'une des décisions les plus difficiles que vous aurez à prendre. J'ai alors étudié ce que le tableau de rétroclassement nous permettait d'apprendre pour classer les mains en terme de call. J'ai choisi d'établir le critère de classification suivant : a) je choisis une équité arbitraire parmi les valeurs 0,52; 0,53; 0,54; 0,55; 0,56 et 0,57; qui détermine le plancher à partir duquel un bon joueur de poker se sent serein pour payer; b) je détermine pour chaque main du classement, le range minimum de l'adversaire pour atteindre ce plancher; c) je classe alors les mains par taille croissante du range adverse nécessaire au plancher d) je départage d'éventuels ex-aequo en comparant le range adverse nécessaire à l'obtention d'une équité de 0,40. J'obtiens alors un tableau qui ressemble à cela - la valeur plancher choisie vaut ici 0,52:

Comme c'est le tableau entier du rétroclassement, ordonné pour le call, c'est un grand tableau et il est illisible sur cette image. Je l'ai fait exprès, mais j'ai mis des couleurs pour illustrer ce qu'il y a à voir. Le tableau a été transposé pour des raisons de lisibilité : votre main est sur la première ligne du haut, et il faut lire colonne par colonne, ligne 1 vous jouez contre AA, ligne 2 contre {KK+}, ligne 3 vous jouez contre {KK+ AKs}, ligne 4 vous jouez contre {QQ+ AKs}, ligne 5 contre {QQ+ AKo}, ligne 169 contre any two. De haut en bas, on atteint d'abord une case verte, qui indique le classement de la main selon l'ordre de push. L'équité de votre main contre le range qui lui est supérieur (au sens du push) est aux environs de 0,35; c'est un peu plus (0,39) en milieu de tableau et un peu moins (0,33) pour les poubelles du bas de tableau. La case orange, en bas, indique que l'équité de la main atteint 0,52. Entre les deux, en jaune, l'équité de votre main se situe quelque part entre 0,40 et 0,52 - plus proche de 0,40 à proximité de la case verte, plus proche de 0,52 à proximité de la case orange.

Vous pouvez observer que seule la partie gauche du tableau, représentant une fraction des mains de départ, a une certaine valeur pour payer un tapis. La partie droite contient un paquet de poubelles, en zone jaune contre any two (je n'ai pas jauni cette partie du tableau sur le graphique), et une équité inférieure à 0,33 contre la moitié haute du tableau.

Tout l'art du call consiste à estimer le range de push adverse. Est-ce qu'il envoie avec top10, top20, top30, any two? Là est la question, et vous seul pouvez y répondre. Ou alors, vous pouvez regarder comment votre main se comporte dans le tableau. Je vais donner plusieurs exemples, en considérant que le tournoi est dans une phase shortstack : il n'y a pas de profondeur pour jouer en plusieurs mises, vous pouvez être shortstack vous-même ou payer un shortstack, et la cote du pot n'est pas évidente (si vous avez 300 jetons à rajouter pour 5000 au milieu contre un seul adversaire, vous payez évidemment avec any 2 en grosse blinde).

Vous avez 99. Son équité est de 0,33 contre {99+ AK AQs}, si votre adversaire est plus tight que ce range, vous devez envisager de passer. Son équité est de 0,52 contre {44+ ATs+ AJo+ KJs+}, si votre adversaire est plus loose que ce range, vous devez envisager de payer. Si le range supposé de votre adversaire est entre les deux, vous êtes dans la zone jaune, où votre jugement doit s'inspirer des facteurs annexes du coup : quelle cote du pot (quelque part entre 1,5:1 et 1:1), est-ce que vous payez son tapis (vous avez encore des jetons derrière) ou le vôtre (perte=bust), quelle position (êtes-vous le dernier à parler?).

Vous avez JTs. JTs a besoin d'un range adverse de 70% pour atteindre une équité de 0,52. Cela veut dire que votre adversaire envoie avec toutes les mains comme 96o, 84s, 53s, 94s, J3o, 74s, T2s, ou mieux. C'est large. Mais JTs est assez robuste en défense, puisqu'elle atteint l'équité de 0,40 dès que votre adversaire pousse avec {22+ A5s+ A9o+ KTs+ KQo QTs+ JTs} ou moins bien. Selon que votre adversaire pousse top20, top30, top40, et de la cote du pot, vous pourrez prendre votre décision en connaissance de cause.

Vous avez AKo. Call évident, me direz-vous? Je ne sais pas, à vous de voir. AKo a une équité de 0,52 contre {66+ ATs+ AJo+ KQs}. Et si votre adversaire pousse avec {TT+ AKs AKo}, votre équité est de 0,40. Entre les deux, c'est 0,43 contre {99+ AQs+}, mais dès que votre adversaire ajoute AQo à son range de push, votre équité passe à 0,487. Le problème de payer ou de ne pas payer reste entier, à vous de juger.

mardi 16 mars 2010

Tableaux pokeromathématiques

Je vais présenter dans ce post mes premiers calculs autour du jeu de poker. A l'époque, j'avais été intéressé par la lecture des tableaux de Sklansky-Chubukov. Le problème est le suivant : au poker texas hold'em no-limit, heads-up, deux joueurs s'affrontent. Le premier des deux a posté la petite blinde (1), et le second la grosse blinde (2). Le premier a le choix entre miser son tapis ou passer. S'il mise son tapis, il ouvre ses cartes, ce qui permet à son adversaire de faire un call parfait (si la force de sa main ou la cote du pot le permet) ou un fold parfait. Les nombres de Sklansky-Chubukov déterminent la taille maximale du tapis que vous pouvez miser en petite blinde, qui justifie le vol de la blinde adverse, tout en restant globalement EV+ si vous êtes payé. Vous pouvez trouver ce tableau ici. Sklansky a alors affirmé que, puisque les calculs montrent qu'il est avantageux de miser son tapis (jusqu'à une certaine taille) en ouvrant ses cartes, que ça l'est davantage de miser son tapis sans montrer ses cartes.

C'est alors que je suis tombé sur un autre tableau (le lien a disparu, il était également sur le site berkeley.edu/~chubukov cité plus haut), de 169 lignes par 169 colonnes, qui donnait les chances de gain d'une classe de main contre une autre, à tapis préflop. Voici un extrait de ce tableau : votre main est sur la colonne de gauche, la main de votre adversaire est sur la ligne en haut, à l'intersection des deux se trouve votre espérance (pour être plus exact : la somme de votre espérance de gain et de la moitié de votre espérance de partage du pot):Chaque élément de la grande diagonale vaut 0,5; et deux éléments symmétriques dans leur placement par rapport à la grande diagonale ont pour somme 1.
C'est alors que mes calculs ont commencé. J'ai réalisé un tableau des coefficients C(i,j), qui décrit le nombre d'occurrence d'une main adverse lorsque vous connaissez vos deux cartes. Par exemple, si vous avez deux Dames en main (la Dame de Trèfle et la Dame de Carreau), votre adversaire a 1225 autres mains possibles, parmi lesquelles 6 paires d'As, 6 paires de Rois, 1 paire de Dames (Dame de Pique et Dame de Coeur), 4 As-Roi colorés, 12 As-Roi dépareillés, 2 As-Dame de la même couleur, 6 As-Dame dépareillés, et ainsi de suite.J'ai mal choisi mon exemple, alors je reprends : le nombre (3) dans la case à l'intersection de AKs (à gauche) et de AA (en haut) signifie : nombre de fois (sur 1225) où votre adversaire aura deux As, sachant que vous avez As-Roi coloré en main. Le tableau C a la propriété suivante : la somme sur chaque ligne du tableau C vaut 1225.Les sommes de chaque colonne du tableau C n'ont pas de propriété particulière.

Etape suivante : faire le produit case à case des deux tableaux obtenus. Ce n'est pas un produit matriciel, c'est juste une somme pondérée, comme les barycentres en quatrième, comme les combinaisons linéaires au lycée. Je vais réaliser des combinaisons linéaires sur deux tableaux, l'un est le tableau C où chaque élément vaut C(i,j), et l'autre est un tableau CP où chaque élément vaut CP(i,j)=C(i,j)*P(i,j). Les combinaisons linéaires sont des sommes partielles, où les termes généraux sont SCP(i,j) et SC(i,j) définis par : et Je prie le lecteur habitué aux notations mathématiques d'excuser cette notation lourde, P, C, CP, SCP et SC ne sont pas des notations traditionnelles, mais mon éditeur de blog ne comprend rien aux lettres grecques, et je ne voulais pas donner un nom à tous mes tableaux, puisque comme vous allez le voir, la plupart d'entre eux ne sont que des intermédiaires de calcul. Le tableau final qui nous intéresse est R, dont le terme général est

R(i,j) est l'espérance de la main i (colonne de gauche) confrontée au range adverse composé des mains numérotée de 1 à j (ligne en haut). Notre tableau final est homogène, ses valeurs sont comprises entre 0 et 1. J'ajoute immédiatement une remarque : si vous permutez deux lignes (et les deux colonnes associées) dans le tableau P et dans le tableau C, votre tableau R prendra de nouvelles valeurs, puisque son mode de construction dépend de j. Bon, parler d'ordonner les variables de départ, c'est plus de l'algorithmique que des mathématiques, car un mathématicien se serait contenté de prendre des combinaisons linéaires différentes pour réaliser le bon ordonnancement. Mais ça, je ne pouvais pas le programmer dans mon tableur, alors qu'une macro pour permuter lignes et colonnes, si.

C'est ainsi que j'ai construit le tableau R appelé rétroclassement, pour lequel l'ordre des mains, numérotées de 1 à 169, commence par 1=AA 2=KK 3=AKs 4=QQ 5=AKo 6=JJ 7=TT 8=AQs 9=99 10=AQo et se termine par 165=72o 166=52o 167=62o 168=42o 169=32o (ce n'est pas une erreur de frappe). Vous lirez ici une ébauche d'article à son sujet. Et vous savez désormais comment ce tableau a été construit. Mon prochain article donnera des pistes d'interprétation, pour le poker, des données qu'il contient.


jeudi 25 février 2010

Quantifying the doubling edge in tournament poker

Since David Sklansky wrote about no-limit tournament poker, the idea of not jeopardizing your whole stack early in a poker tournament, even as a (small) favorite, has spread through the mind of the I-think-I-have-an-edge-over-the-field poker players. And this led to numerous mistakes.

As far as subjective evaluation and poker ego are concerned, almost every single poker player is a one-of-a-kind in the top league. Which means, passing a slight edge should be the right play. But who knows exactly where the line between slight and crushing is?

Bill Chen and Jerrod Ankenman gave an answer in their book Mathematics of Poker. In their theory of doubling up, they create a model where the edge can be quantified as a constant. This constant represents your average chance of doubling up your stack in a tournament. If you have played hundreds or thousands of tournaments, you can get a rough idea of your own constant by using the following formula :


where ROI is your Return on Investment and FS is the Field Size.

Your edge is below 0.5 : actually you are not a winning player, but you already knew that : your ROI is not good enough. In tournament poker, you can learn to use your cards, your position or your chips to improve your game.
Your edge is between 0.50 and 0.57 : now we're talking, you definitely have an edge, and there are times when you should consider folding rather than risking your whole stack on a slight edge. The best example of this behaviour is Daniel Negreanu, in his smallball approach to build a stack of chips.
Your edge is above 0.57 : I'm sorry, but practice shows that no one, not even Phil Ivey, can claim to have a constant edge above 57% over any field. Maybe you miscalculated, maybe your tournament sample is too small, or maybe you are a successful one-table sit-and-go player that crushes the lower limits. In this case, a +100% ROI, linked to the small field size, can compute an edge around 62%. Again, practice shows that such an edge cannot be maintained when one climbs up the buy-in ladder.

Chen and Ankenman's model is fairly accurate. Knowing when to play and when not to play is what poker is all about, which is why playing poker is clearly a game of skill.

vendredi 19 février 2010

Le jeu de la bataille des cartes identiques

En prélude à de nouveaux dénombrements sur le poker, qui vont m'amener à faire des calculs où je devrai être méticuleux pour ne pas laisser d'erreur de calcul ou de raisonnement s'immiscer, je vais vous parler aujourd'hui d'une méthode de dénombrement utilisée en mathématique, le principe d'inclusion-exclusion.

Vous avez un ensemble de A éléments, que vous cherchez à classifier selon certaines propriétés, dont vous faites une liste complète. Je vais noter A(k) le nombre d'éléments de l'ensemble qui possèdent au moins k propriétés de la liste. Le principe d'inclusion-exclusion affirme qu'on peut alors calculer le nombre d'objets de l'ensemble qui n'en possèdent aucune (aucune propriété de la liste), selon la formule :
A - A(1) + A(2) - A(3) + ... + (-1)^k * A(k) + ... + (-1)^n * A(n)
où n représente le nombre de propriétés qu'on a listées.

* * *

Je vais prendre un exemple visuel pour illustrer ce qu'on calcule.
J'ai un ensemble de huit objets, parmi lesquels je souhaite compter combien ne sont ni un chat, ni ne sont verts. Je liste donc deux propriétés :
- être vert;
- être un chat.
Puis, je compte :
A : 8 éléments dans l'ensemble A.
A(1) : 3 éléments sont verts et 2 éléments sont un chat, ce qui fait 5 objets comptés.
A(2) : 1 élément est un chat vert.
Le nombre d'éléments qui ne sont ni chat ni vert vaut : 8 - 5 + 1 = 4

Regardons le dessin : un ballon rouge, un bateau rouge, un crayon rouge et un bateau jaune sont ces quatre objets.

* * *

Comme je suppose que cet exemple ne suffit pas à vous bluffer, prenons-en un autre. Prenons l'ensemble des nombres entiers entre 1 et 100, et cherchons combien parmi eux sont premiers avec 6. Pour ceux qui n'ont pas fait d'arithmétique, deux nombres sont premiers entre eux lorsqu'ils n'ont aucun diviseur commun, sauf 1 qui divise tout le monde (il s'agit de division sur l'ensemble des entiers : le quotient doit être un entier et le reste nul). Comme 6 a deux diviseurs, 2 et 3, on va utiliser les deux propriétés :
- être divisible par 2;
- être divisible par 3.

Comptons :
A : 100 éléments;
A(1) : 50 éléments sont divisibles par 2, et 33 éléments sont divisibles par 3, ce qui fait 83.
A(2) : être divisible par 2 et divisible par 3, c'est être divisible par 6, il y a 16 éléments divisibles par 6.
Résultat : 100 - 83 + 16 = 33

* * *

Je vais terminer par un exemple plus compliqué, mais dont le résultat vous intéressera, puisqu'il permet de faire un pari idiot, contre-intuitif, et à votre avantage. En tout cas, c'est parfait pour jouer à qui paiera l'addition avec un ami.

Le jeu est le suivant : prenez deux paquets de cartes (52 cartes), faites-les mélanger un par un à votre ami, puis prenez chacun un paquet. Vous allez retourner simultanément une carte, comme à la bataille. Si les deux cartes sont différentes, vous continuez. Si les deux cartes sont identiques (Sept de Coeur et Sept de Coeur), le jeu est terminé : vous gagnez le pari et votre ami paie l'addition. Si à la fin du paquet, aucune bataille n'a eu lieu, c'est vous qui payez l'addition.

Alors c'est parti : notre ensemble décrit les mélanges. Un mélange est une application f, qui à une carte donnée qui se trouvait en position i avant le mélange, associe une nouvelle position f(i) après le mélange. i varie entre 1 et 52, et f(i) aussi.

Notre liste de propriétés est très simple, puisqu'il n'y en a qu'une (mais elle peut être réalisée plusieurs fois):
- il existe une valeur de i pour laquelle f(i)=i.

A : le nombre de mélanges est le nombre de permutations sur un ensemble de 52 éléments, et vaut 52! (factorielle 52, c'est à dire 52x51x50x49x...x3x2x1. C'est un très grand nombre, mais nous n'avons pas besoin de l'évaluer autrement pour l'instant).
A(i) : Pour calculer A(i) : on choisit i cartes parmi 52, cela vaut C(52,i), puis on dispose les (52-i) cartes restantes par n'importe quel mélange, ce qui vaut (52-i)!. [Ainsi, A(i) comptabilise les mélanges qui laissent i cartes à la même place, mais il comptabilise aussi (et plusieurs fois) des mélanges qui laissent davantage de cartes à la même place. La somme des (-1)^i*A(i) jusqu'à A(52) fera disparaître les termes qui ont été comptés plusieurs fois]. Grâce à l'expression factorielle de C(52,i), le produit des deux simplifie l'expression : A(i) = C(52,i)*(52-i)! = [52!/i!(52-i)!]*(52-i)! = 52!/i!

Le nombre de mélanges pour lesquels aucune carte ne reste en place (également appelés des dérangements) vaut donc


En mettant en facteur 52!, on obtient :


L'expression entre parenthèses est la somme partielle des 53 premiers termes de la série (-1)^k/k!, qui converge très rapidement vers 1/e (l'erreur est inférieure à 1/53!, c'est dire qu'on a largement plus de décimales que ce dont on a besoin). e est la base des logarithmes népériens, c'est un nombre irrationnel qui vaut environ 2,718. Notre expression calculée est donc très proche de 52!/e.

Probabilité de tomber sur un dérangement : (52!/e)/52! = 1/e = 36,79%

Quand le mélange est un dérangement, c'est vous qui payez l'addition. Dans les autres cas (63,21%), deux cartes identiques vont apparaître, l'addition est pour votre ami.



jeudi 18 février 2010

Compter, compter, compter

Suite à mon billet d'hier, un lecteur (eiffel, http://eiffel38.blogspot.com/) m'a écrit à propos du calcul qui permet d'obtenir ce résultat : "à une table de neuf joueurs, la probabilité qu'on vous distribue, dans les deux tours de table qui viennent, au moins une fois une main parmi {AA-TT, AK, AQs} est d'environ 1 sur 2". Je vais donc détailler ce calcul, en espérant être aussi clair dans mes explications que Brian Alspach, brillant universitaire, mathématicien, et amateur de poker.

Je vais présenter deux démonstrations : l'une fait un calcul par étapes, mais correspond à un raisonnement facile. L'autre résout le problème de façon directe, subtile et brutale : une de ces formules qui conforte les mathématiciens dans l'idée que les mathématiques sont pures, artistiques et universelles.

Première démonstration. Il s'agit de compter les fois où, en dix-huit donnes, soit dix-huit tirages indépendants, on aura au moins une fois AA, KK, QQ, JJ, TT, AKs, AKo ou AQs. Je note ce range R.

Nombre de mains de départ au Hold'em : N = C(52,2)=52*51/2=1326. As de Pique et Roi de Coeur est une main différente d'As de Carreau et Roi de Trèfle, chacune compte pour une main.

Nombre de mains qui nous intéressent : n= 6 + 6 + 6 + 6 + 6 + 4 + 12 + 4 = 50. Six paires possibles, quatre As-Roi colorés, douze dépareillés, quatre As-Dame colorés.

La fraction qui nous intéresse est donc P = n / N = 50 / 1326, ce qui fait 3,8%; que j'avais appelé "top 4%".

La probabilité de toucher un main du range R en une donne est notée P(1), en deux donnes est notée P(2), et ainsi de suite jusqu'à P(18).

P(1) = P ; ça c'est facile.

Pour déterminer P(2), il faut compter les cas où l'on a touché à la première donne, et ceux où l'on n'a pas touché à la première donne mais où l'on a touché à la seconde. Ainsi, on est certain de tout compter (y compris les cas où l'on a touché les deux fois!).

P(2) = P(1) + (1-P(1))*P.

P(3) = P(2) + (1-P(2))*P.

...

P(18) = P(17) + (1-P(17))*P.

On a obtenu beaucoup d'équations avec beaucoup d'étapes intermédiaires, mais qui se calculent très facilement, quand on est paresseux, avec un tableur (grâce aux copier-coller de formules qui déplacent les valeurs de référence). On obtient P(18) = 49,9%.

Seconde démonstration. Il s'agit de remarquer qu'il n'y a que deux possibilités : ou bien on touche au moins une fois l'un de ces mains en 18 donnes, ou bien cela n'arrive aucune fois en 18 donnes - ces deux événements forment une partition, ils sont complémentaires en termes de probabilités.

Nous allons calculer la probabilité d'avoir une main qui n'est pas dans R, n fois, que je vais noter F(n) - F pour fold. F(1) = 1-P. La probabilité d'avoir deux fois une main qui n'est pas dans R est F(2) = (1-P)*(1-P). Trois fois : F(3) = (1-P)*(1-P)*(1-P). Dix-huit fois : F(18) = (1-P)*(1-P)*...*(1-P), avec dix-huit facteurs identiques. Pour écrire tout ça de façon plus compacte, on va utiliser la notation puissance, respectivement F(2)=(1-P)^2; F(3)=(1-P)^3; F(18)=(1-P)^18.

De ces deux paragraphes, on déduit P(18) = 1 - F(18) = 1 - (1-P)^18. Ou, dans le cas général à n tirages : P(n) = 1 - (1-P)^n.

En modifiant les paramètres P (range de mains) et n (nombre de donnes à patienter), on obtient des résultats très intéressants, et parfois étonnants. Vous pourrez lire ci-dessous un extrait du tableau complet que j'ai réalisé, avec P jusqu'à 10% et n jusqu'à 10. Cadeau bonus.



mercredi 17 février 2010

No-push equity : l'espérance d'attendre

L'espérance de ne pas faire tapis : voilà un terme bien alambiqué! En fait, l'espérance de passer aurait très bien convenu, à ce détail près que le terme fold equity est utilisé dans un autre sens dans la littérature pokeristique anglophone.

En tournoi, il arrive qu'à un moment ou à un autre, vous vous retrouviez avec un petit tapis. Les définitions du petit tapis diffèrent selon l'appréciation des uns et des autres, alors je vous donne la mienne : un petit tapis est réduit à la plus simple des stratégies du Texas Hold'em. Ou bien il passe sa main préflop, ou bien il relance et s'engage irrémédiablement. Le petit tapis n'a pas la possibilité de réaliser plusieurs tours de mise, que ces mises soient en progression géométrique ou arithmétique.

Alors, en fonction de la taille du tapis par rapport aux blindes, en fonction de la position, et en fonction des cartes en main, il faut prendre cette décision binaire : jouer ou ne pas jouer.

L'espérance de jouer est facile à calculer : vous combinez les cas où vous ne serez pas payé (vous prenez les blindes, croupier main suivante s'il vous plaît) avec ceux où vous serez payé, que l'on pondère par vos chances de remporter le coup à l'abattage.

Que vaut l'espérance de ne pas jouer? En plus de vingt ans de littérature au poker, les auteurs ont balayé d'un revers de la main cette problématique, en énonçant une réponse triviale : l'espérance de ne pas jouer vaut zéro. Ont-ils calculé quelque chose? Est-ce un postulat? En fait, c'est la réponse naturelle qui vient à l'esprit de l'homme : "Si je ne fais rien, je ne modifie pas ma situation."

Or, cette assertion est fausse à la table de poker. Pour s'en convaincre, il suffit de considérer les situations très distordues que l'on peut rencontrer, par exemple, à la bulle en tournoi satellite. Vous avez un tapis énorme, choisir de jouer pourrait vous faire perdre, tandis que choisir de ne pas jouer vous qualifie sans aucun risque. L'espérance de ne pas jouer vaut-elle zéro? Non, ne pas jouer a une valeur positive, parfois supérieure à l'espérance de jouer une paire d'As.

Mais revenons au tournoi classique, et à la situation de petit tapis. Que vaut votre espérance de passer? En passant, vous aurez une nouvelle donne, deux nouvelles cartes en main, peut-être une premium, ou tout simplement une meilleure main que celle avec laquelle vous être en train d'hésiter en ce moment précis. Cette situation arrivera avec une certaine probabilité : avec quelques calculs très simples, on peut évaluer nos chances d'avoir une meilleure situation dans les prochaines mains à venir. Peut-on attendre trois mains, un tour de table, deux tours de table? Il s'agit de peser le pour et le contre : contre, attendre coûte des jetons, et votre tapis s'érode inéluctablement. Pour, pouvoir miser son tapis en situation favorable est l'une des clés pour être un joueur gagnant sur le long terme.

Etude d'un cas pratique : vous êtes à une table de neuf joueurs. Quelle chance avez-vous de toucher une main parmi {AA, KK, QQ, JJ, TT, AKs, AKo, AQs}, dans les deux tours de table qui viennent? La réponse vous surprendra peut-être : une chance sur deux. Pour un range de top 4%.

En établissant la solution de ce problème pour le cas général, on peut mieux comparer les espérances en jetons de notre choix stratégique : jouer tout de suite avec ce qu'on a, ou attendre un certain temps pour jouer dans de meilleures conditions.

mardi 16 février 2010

Back Ongame

En décembre dernier, j'avais du dépenser de vieux miles obtenus sur le réseau Ongame, qui allaient, pour une raison marketing que j'ignore, être invalidés à la fin de l'année. J'ai donc choisi une superbe lunette astronomique parmi les goodies proposés, et j'ai complété par un ticket de tournoi à $33.

Ce n'est qu'au mois de février que je me suis connecté avec l'intention de jouer ce tournoi. Il faut dire que j'avais mal choisi : la liste des tournois à $33 ne me convient pas, soit pour une question d'horaires (débuter un tournoi à 16h m'est impossible dans l'emploi du temps de la journée), soit pour une question de structure (faire un satellite turbo - 3 minutes - pour un ChampionChip, non merci). Alors, j'ai fait un tournoi un soir, shorthanded. Je termine dans les prix, sans avoir eu trop de cartes, ni de situations favorables sans cartes.

Depuis, j'ai fait quelques petits tournois : un Pot-Limit Omaha à $5.5, un Limit Seven-HiLo à $22 et un Pot-Limit Omaha-HiLo à $5.5. Que des ITM, et une victoire en Omaha. Un cinquième tournoi devrait s'ajouter à cette liste (et un cinquième ITM malgré une déconnexion en fin de tournoi, pour un blind-out peu avant la table finale), mais il n'apparaît pas sur mon OPR.



Alors, je me contente de quatre sur quatre, et de voir si je peux continuer sur cette tendance. Back Ongame.

jeudi 11 février 2010

Borgne au royaume des aveugles?

Au poker, chaque main, chaque session, chaque erreur, chaque défaite est une source d'enseignements. J'ai joué en PLO50HU, avec de bons résultats - c'est à dire que j'ai bien joué mais j'ai pris quelques 95-5, surtout quand votre adversaire croit que ses deux As blancs ont une chance face à votre brelan et vos deux tirages flush backdoor. Quoi qu'il en soit, le nombre de mains est trop faible pour avoir une signification de quoi que ce soit sur le long terme.

J'ai joué deux parties en NL200-9, histoire de voir. QQ < AA joué en smallball de part et d'autre, hop 1/2 cave, quinte floppée face à carré turné, hop une cave, rien à signaler. J'ai considéré que je n'avais plus le niveau en CG Texas. Ce jeu m'a pourtant rapporté beaucoup par le passé, mais je dois me rendre à l'évidence : peut-être étais-je borgne au royaume des aveugles lorsque les joueurs débutaient à ce jeu il y a quelques années, et que, avec le temps et les sources d'informations, les autres se sont améliorés. Tandis que je stagnais, certains m'ont dépassé à vitesse grand V. Je n'ai désormais aucune chance de combler mon retard. Vous pourrez lire mes bonnes stats de fish sur ce jeu sur les sites ad hoc.

Alors, dois-je arrêter le poker (avant la ruine, s'entend!) ? Heureusement non, il me reste des niches où j'ai encore un avantage sur la majeure partie du champ. En tournoi, je remonte progressivement la pente de mon ROI négatif - essentiellement creusé par des tournois à $215 en Razz ou en NLHE, aux tickets obtenus pour une trentaine de dollars en moyenne, où je n'ai jamais fait d'ITM malgré deux bons deep runs en Razz. Au menu : tournois à champ réduit, SnG à une ou plusieurs tables, Steps, satellite en deux tables pour le Sunday Millions et le beau tournoi $3.30 rebuy à 180 joueurs, où beaucoup de joueurs n'ont pas compris ce qu'est un rebuy et comment ce tournoi doit être joué. En outre, la structure rapide justifie un paquet de moves très cEV- de vos adversaires (comme des pushs idiots, sans fold equity réelle dès que votre adversaire a une main qui ressemble de près ou de loin à une paire, un As, un Roi, deux cartes supérieures au Neuf, ou un connecteur coloré). On voit des calls à tapis préflop avec une petite paire contre deux adversaires. Du grand n'importe quoi, mais après tout, si les mecs aiment miser leurs jetons avec entre 20% et 28% de chances de gagner le coup, grand bien leur fasse. Conseil de Gus Hansen : quand tu as des jetons, contente-toi de payer un tapis en fonction de la cote du pot.

Côté cash-game, j'ai entrepris d'attaquer les tables de 8-game, profitant du fait qu'il est désormais interdit (ils font bien les choses chez PS) de choisir ses jeux, en alternant sit-in et sit-out tout au long des orbites. Résultat : j'ai un bon niveau général en 8-game, et quelques sessions me l'ont confirmé. Je joue en $10-$20, six joueurs par table. Dans l'ordre, les jeux sont L2-7, LHE, LO8, LRazz, L7Stud, L7StudHiLo, NLHE, PLO. Six mains par jeu, et ça tourne. Ce matin, je me suis posé en 20-40 avant de me rendre compte que je m'étais gourré de limite, heureusement j'ai pu clore rapidement la session sur un petit gain - ça m'étonnait aussi, les tapis à la table semblaient disproprotionnés. Au-delà de la qualité de mon jeu, je trouve d'autres avantages à ces tables : il n'y a pas de tracker pour ces jeux, et d'ailleurs les résultats ne sont pas trackés non plus sur TableRatings. Je conserve donc mon profil de fish dans les bases, je remercie le NLH, et les badbeats d'Omaha, pour bien parler de ma fishitude.

Et, chose qui n'est pas pour me déplaire en ces temps difficiles, la bankroll affiche un résultat de +$850. Je commence presque à rentrer dans les clous de la gestion de bankroll - dès que je rentre de façon stable dans la zone à quatre chiffres, je vous fais signe.

Et, je remercie tous ceux qui prennent régulièrement de mes nouvelles, pour leur sollicitude.

jeudi 21 janvier 2010

Se spécialiser ou se diversifier?

Quelques mains en NL10 ont fait rétrécir la BR CG. Bien que je ne me sente pas parmi les plus mauvais dans cette discipline, je n'ai pas de facilité naturelle, et je ne sors absolument pas du lot des joueurs moyens en CG SH. Ou alors, ma gestion de BR est trop risquée - parfois, un bon joueur peut perdre tout son avantage à cause d'un critère de Kelly trop risqué. Bon, je persiste à penser que je ne sors pas du lot dans cette discipline.

Côté tournoi classique, je dois conserver une approche de nit qui passe son tournoi à être shortstack, car à chaque fois que j'ai joué un peu plus loose quand j'avais du tapis (genre trois fois l'average), ou avec la pression des jetons, j'ai fichu en l'air une bonne position, comme on dit aux échecs. Enfin bon, quand on est ITM sur PS dans un $2.75, ça veut dire qu'il reste 900 joueurs et que de toutes façons il faut encore atteindre le top 90 puis le top 9 pour gagner quelque chose qui en vaille la peine. La théorie du doubling-up n'a peut-être pas complètement tort (euphémisme).

Alors, je me spécialise sur ce qui me rapporte le plus : le satellite Sunday Million Double Shootout. $11.70, deux tickets à $215 à gagner en deux tables : la première donne une place pour la table finale, et la finale à 10 garantit au moins deux tickets. Le plus souvent, il y a de l'overlay (c'est à dire moins de 40 joueurs; le plus souvent entre 20 et 30), mais j'ai déjà joué une table finale avec trois tickets et huit payés sur 10 (4-7 prenaient $35, et le huitième la monnaie du pain).

J'OPR mes adversaires en tournoi. Je sais, il faudrait aussi le faire en CG, mais j'ai de bonnes raisons de penser que j'évolue avec le temps du CG vers le tournoi. Quand on ne sait pas ce que vos adversaires ont dans les poches (merci internet), cela me semble plus sage, surtout en phase de progression de BR. OPR, donc. Je classifie mes adversaires selon plusieurs catégories, représentées par des couleurs :

- Le Rouge : le Rouge peut être un débutant, un fish total, un mec qui n'a ni idée de la force de sa main, ni idée de combien de jetons miser. Le Rouge a entre $0 et $999 de prix sur 120 jours, et un ROI en général bien négatif. Ce peut être quelqu'un qui joue au poker pour se détendre, il n'y a pas de jugement de valeur personnelle dans cette classification.

- L'Orange : a acquis de l'expérience en tournoi. Ce n'est pas un joueur gagnant (ROI négatif), mais il accumule entre $1000 et $9999 de prix sur 120 jours. En général, l'Orange ne comprend pas bien la relation entre les mains qu'il faut jouer et la taille de son tapis (ou du tapis des autres).

- Le Jaune : le Jaune est un Orange déguisé. Pourquoi faire deux catégories me direz-vous? Il y a une petite différence : le Jaune a un ROI positif. C'est un hasard, il a chatté un ou deux tournois, jamais plus. Le premier tournoi le remet à jeu, le second tournoi lui rapporte tout son ROI. Il y a une différence de confiance entre le Jaune et l'Orange - avoir du succès, qu'il soit mérité ou pas, donne confiance.

- Le Vert : le Vert est un grinder. Il a le plus souvent entre $10000 et $99999 en prix sur 120 jours, avec un ROI positif. On observe une gestion de bankroll (son buy-in moyen est très faible par rapport à ses résultats). On observe du skill management (il joue les tournois où il a l'avantage). Par exemple, il peut être bon en tournoi rebuy, en tournoi à cadence lente mais pas en turbo, en satellite ou en winner-take-all... il a testé et il a choisi sa voie.

Il y a encore deux catégories, plus rares :

- Le Gris (c'est un bleu pâle en fait) : joueur qui cache ses propres statistiques (Hidden), ou joueur qui n'a pas de statistiques (nouveau compte sur PS).

- Le Bleu : le Bleu est un high-roller. Il joue à des buy-in de tournoi énormes par rapport aux autres. En général, c'est un joueur de gros volumes et de grosses limites de cash game. Le high-roller n'est pas scared-money. Mais le high-roller de cash game n'est pas forcément un bon joueur de tournoi.


Les couleurs en image... (no brag inside)


Bien entendu, ces classifications ne sont pas rigides, quelqu'un avec de bons résultats mais pas de volume peut être un Vert de micro-limites (j'en ai croisé un, il avait grindé $1500 en tournois $0.01 180j!!!). Et, pour ma part, mon OPR est formel : je suis Orange, en plein. A moi de démontrer que je peux faire passer le feu au Vert.

Allez, pour ceux qui ont lu jusque-là pour prendre des nouvelles de ma bankroll, voici l'état aujourd'hui. J'ai eu un creux jusqu'à $100 et T$0, et je suis remonté à $153 et T$539. Ca progresse. Et il n'y aura que du tournoi, pour l'instant.

Le freeroll des blogs

Online Poker

I have registered to play in the PokerStars World Blogger Championship of Online Poker! The WBCOOP is a free online Poker tournament open to all Bloggers, so register on WBCOOP to play.

Registration code: 996751



Un petit logo et deux petits liens valent mieux qu'un long discours : je suis inscrit aux championnats des bloggueurs (orthographe de ce néologisme???). Objectif : table finale en 8-game.

mercredi 13 janvier 2010

Première marche franchie

Première étape des $100 franchie, de $3 à $100 sur la NL2. Lorsque j'étais à $40, j'ai multitablé à 20 tables superposées (table stacking), puis par la suite j'ai limité entre 12 et 16 tables selon les sessions. Etape des $100 atteinte, et je suis passé en NL10. La prochaine étape est à $500 pour passer en NL25.

Histoire de me changer les idées, j'ai fait deux tournois aujourd'hui : deux sats à $11.70. J'ai gagné l'un des deux, ce qui m'a permis de récupérer T$215, et j'ai donc créé une bankroll tournoi à part. J'ai enchaîné avec quatre tournois : un $5.5 18j, un $5.5 27j (ITM), un $2.2 90j (TF) et un $4.4 180j (3ème). Ces résultats, même symboliques, me confortent dans l'idée que je suis sur le bon chemin.

BR : $194 + T$197. NL10, $2.2 90j et $4.4 180j au menu. Et un petit sat à $11.7 de temps en temps, lorsqu'il y a de l'overlay.

mercredi 6 janvier 2010

2010, nouvelle donne.

J'ai remis les compteurs à zéro pour 2010, et je redémarre aux plus petites limites. Mise de départ : $3. Jeu : NLH, 6-h, 100BB deep, cave à $2. En quelques minutes, je clos la mini-session (ou la session en micro-limite) à $8. Cela fera quatre tables pour la prochaine fois. La prochaine étape sera lorsque j'aurai atteint $100. Le jeu deviendra : NLH, 6-h, 100BB deep, cave à $10.

En live, retour à Uriage après plusieurs mois d'absence. De nouveaux joueurs y jouent régulièrement, on y trouve même de nouvelles espèces de poissons, parfois sous forme de fossiles, mais certaines espèces qu'on croyait éteintes sont encore là. Un bel aquarium a été disposé sous les lustres rococos, sur les tapis verts.