jeudi 21 juillet 2011

La cour des miracles

Jeudi soir dernier, de façon improvisée, je suis allé voir le dernier Harry Potter. Cela faisait bien quinze ans que je n'étais pas allé à Ciné Cité aux Halles - disons que si j'y suis allé une ou deux fois en quinze ans, c'est un grand maximum. Salle aux images 3D, bonne impression de profondeur sans effet qui vous fait loucher, son pas trop fort. Même si les livres sont largement supérieurs aux films - la Coupe de Feu reste l'épisode le moins réussi, et le prince de Sang-Mêlé aurait peut-être mérité deux épisodes au lieu d'un - la série des Harry Potter se laisse voir et revoir. Surtout le merveilleux des deux premiers épisodes.

Je suis rentré à pied, en contournant les Halles - en travaux - par Saint Eustache et revenir vers Notre-Dame. Juste avant le Châtelet, devant la boîte le Klub, un type assis sur des Vélibs veut engager la conversation. Je m'approche, il parle lentement, avec un vocabulaire alambiqué, et prononce des phrases sans queue ni tête. Au bout de quelques secondes, j'interromps son babil en m'approchant et je mets fin à la discussion. Puis je m'éloigne en poursuivant mon chemin. Arrivé devant un passage piéton rue de Rivoli, une idée me traverse l'esprit. Et si c'était une diversion? J'attrape mon sac à dos : la fermeture éclair est ouverte, mais une autre fermeture à Velcro a empêché son complice probable d'attraper quoi que ce soit dans mon sac. Alors, je referme mon sac, et je rebrousse chemin. Il est toujours assis sur son Vélib' verrouillé, il me voit revenir. Je lui dis calmement tu as essayé de me voler, et si tu avais réussi tu m'aurais volé mon travail : cela ne t'aurait servi à rien. Il compose sa poker face, fait semblant de ne pas comprendre, bref de faire style en murmurant une réponse toute faite. Je l'interromps ça va, ne me prends pas pour un con, et je reprends mon chemin.

Tout en marchant, je réfléchis a posteriori à cette histoire : était-ce l'heure et l'endroit où d'habiles pickbags tentent leur chance auprès des touristes de l'été ou des parisiens qui rentrent à pied d'un dîner en ville? Après avoir traversé la Seine, j'arrive Place Saint Michel, où malgré l'horaire avancé de la soirée, il y a un attroupement sur la place. Surprise, un jeune homme a transporté un piano droit et joue une version jazzy de Beethoven - le premier mouvement de la Sonate Pathétique. Comme je reconnais le morceau, j'engage la conversation. Il essaie de se faire de la pub en jouant de façon improvisée - comme il est 23h et qu'on n'est pas un 21 juin, il est évident qu'il faut une autorisation de la mairie et qu'il n'en a pas. Comment peut-il quitter rapidement les lieux avec un piano à transporter et un diable avec deux grandes poignées pour le transporter? Mystère. Comme il joue bien et qu'il faut encourager les artistes qui ont du talent, et faute de moyens, des idées, je lui achète un CD - ou plutôt : je prends un CD qu'il met à disposition de son public, et je lui fais une donation dans son panier, puisqu'au fond il fait la manche.

Vingt minutes plus tard, je rentre chez moi. Paris l'été, d'habitude je croise des touristes, qui me demandent leur chemin. Ce soir, c'était la Cour des Miracles.